D’après les LETTERS HOME, de Sylvia PLATH.
Adaptation et mise en espace, Sigrid CARRÉ LECOINDRE
Avec Agathe DE COURCY, Anne JEANVOINE et NICOLAS WORMS
5 juillet 2017 / Collégiale
Le 27 septembre 1950, la toute jeune Sylvia Plath expédie à sa mère Aurelia Schober Plath, la première des plus de 700 lettres qui composent les Letters Home — correspondance minutieuse et frénétique courant sur les treize années qui séparent l’étudiante de la jeune mère de famille que Sylvia Plath deviendra et qui se donnera la mort le 11 février 1963 à l’âge de 30 ans.
De son entrée à Smith College en 1950 à sa rencontre en 1956 avec celui qui sera son amour, son amant, le père de ses deux enfants, mais surtout son alter-ego, ce faiseur de mots qui entrainera Sylvia à bâtir avec lui une pulsation poétique responsoriale et commune — j’ai nommé Ted Hughes ; les six premières années des Letters Home, ont ceci d’exceptionnel qu’elles dévoilent le chant intime d’une âme scindée entre deux désir fous : celui de devenir une femme, une épouse et une mère, et celui tout aussi prégnant d’écrire sans concession.
Mais le tigre est déjà dans l’escalier, c’est donc tout d’abord le choix d’orienter la focale sur la première moitié de la correspondance de Sylvia Plath afin de voir éclore au flanc de la femme, l’âme poétique — sa fortification, ses doutes et ses émois. C’est aussi la rencontre avec un esprit vif, fragile, mais déterminé, assoiffé d’excellence, angoissé à l’idée même de la médiocrité.
Un esprit entier, non négociable, courageux. Aussi rigide que sulfureux. Dévasté parfois devant l’ampleur de la tâche à accomplir pour rendre au monde ses poèmes. Ou pour devenir cet éclaireur que sont tous les poètes, quand ils marchent leur pas d’avance sur le temps et les choses.
De Purcell à Berlin en passant par Gershwin, Bolcom et Copland, les mélodies américaines, ballades jazz, et autres airs baroques anglais accompagneront ces plongées successives dans le velours duveteux des Letters Home pour jalonner le parcours initiatique de Sylvia Plath, femme et poète et la reconnaissance en Ted Hughes de son âme jumelle.
Sigrid CARRÉ LECOINDRE
Sylvia PLATH
"Je vais à présent te confier une chose miraculeuse, terrifiante, renversante. C’est à propos de cet homme, de ce poète, de ce Ted Hughes. Il a une carrure, une santé...Plus il écrit de poèmes, et plus il en écrit d'autres. Je n'ai jamais rien éprouvé de tel. Non seulement je l'idolâtre, mais je vois jusqu'au tréfonds de son être... (…)
Maman, Ted est incroyable... Perpétuellement attifé d'une éternelle veste en velours côtelée, aux poches pleines de poèmes, d'horoscope et même de truites !
Son humour est le sel de la terre ; je n'ai jamais tant ri, ni d'aussi bon cœur,. Il me raconte des contes de fées, des légendes de rois et de jeunes chevaliers, des rêves, de merveilleux rêves en couleur, peuplés de renards roux... (...)
Oh, maman, réjouis-toi avec moi et ne t'angoisse pas. Je t'aime, tout comme Warren, ma chère Grand-m'man qui souffre et mon cher et tendre Grand-p'pa, de tout mon cœur, je passerai ma vie à vous soutenir et à vous donner des raisons d'être fiers de moi.
Ton affectionnée, Sivvy "
Sylvia PLATH, LETTERS HOME (extrait)